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7 octobre 2009 3 07 /10 /octobre /2009 12:17
 

BOUSSINGAULT, 1802-1887
       
Un important personnage du patrimoine local..
     
       Unieux n'est certes pas la seule ville de France qui ait honoré du nom d'une rue le célèbre savant biologiste, géologue et agronome du 19ème siècle. Dans la plupart des cas, cet hommage était déjà ancien, souvent séculaire. 
       Mais à Unieux, c'est à l'extrême fin du 20ème siècle que la Municipalité a choisi de donner son nom à une rue nouvellement ouverte dans le quartier rénové du Vigneron.  
           
      Plus récemment, c'est par le don d'un buste en bronze de Boussingault qu'a pu être réveillé le souvenir de l'illustre savant. On inaugurait le 25 septembre 2009 au château des Bruneaux de Firminy une belle exposition de peintres amateurs d'Unieux. 
     Ce fut en même temps pour le président de la Société d'histoire de Firminy l'occasion de remercier le maire d'Unieux du don qu'il venait de lui faire  : le  buste en bronze de J.B. Boussingault, précédemment installé dans l'escalier  de l'Hôtel de ville d'Unieux.

      Par ce don, expliqua le Président, Boussingault venait rejoindre, dans un  salon récemment rénové du château, les différents souvenirs et portraits se rapportant à la famille Holtzer, fondatrice de l'aciérie qui fut pendant plus d'un siècle renommée par ses innovations en métallurgie.
 
Mais ce n'est pas un enfant du pays...
        
       Contrairement à ce que l'on a pu entendre dans l'un des discours prononcés à cette occasion, l'hommage ainsi rendu à Jean-Baptiste Boussingault ne signifie nullement qu'il soit natif d'Unieux. Ce qui doit être remis en mémoire, c'est son rôle important dans le développement de la métallurgie locale, sans oublier d'ailleurs sa renommée de savant, à la fois chimiste, biologiste et agronome. 
      
        Né à Paris en 1802, c'est seulement lorsque sa fille Berthe épousa en 1861 Jules-Gustave Holtzer, que Boussingault se trouva allié à la famille Holtzer.
       La même année, Jules-Gustave Holtzer et son beau-frère Frédéric Dorian recevaient de Jacob Holtzer la direction de l'usine, déjà forte de cinq cents ouvriers, qu'il avait créée trente ans plus tôt et dont les aciers corroyés et les aciers fondus au creuset avaient déjà une réputation internationale. 
      Or Boussingault s'était toujours intéressé à la transformation des métaux, particulièrement pendant une partie de sa carrière en Amérique du Sud, où il avait mis en évidence le rôle de la silice et d'autres composés tels que le chrome dans les propriétés de l'acier. Aussi conseilla-t-il à son gendre de créer dans l'usine un laboratoire de recherches, pour se dégager des méthodes empiriques de la métallurgie de l'époque.  Pour l'époque, installer un laboratoire de chimie dans une usine de métallurgie était une réelle innovation.

      Pendant plus d'un siècle, ce laboratoire ne cessa d'être à l'avant-garde de la recherche et de l'expérimentaion métallurgiques, non seulement jusqu'à l'absorption de l'entreprose Holtzer dans laC.A.F.L. en 1953, mais encore après 1970 dans le cadre de Creusot-Loire. Il ne disparut qu'en 1994.
        
         Telle fut l'origine de la mise au point des aciers spéciaux, au chrome, au nickel, au tungstène, dont le laboratoire étudia les propriétés, et qui firent prospérer l'usine dans les décennies suivantes. Dans le roman "Travail" d'Emile Zola, qui visita l'usine Holzer en 1900 et s'en inspira pour imaginer un établissement exemplaire sur le plan social, on peut lire ceci (livre 3, chapitre 5) : "Dans les laboratoires, ouverts largement aux recherches, il ne se passait pas une semaine sans qu'on fît des découvertes merveilleuses".

     Sur ces développements, on peut se reférer à l'ouvrage de René Commère édité en l'an 2000 par les publications de l'Université de Saint-Etienne : "Mémoires d'acier en Ondaine".

Une brève biographie de J-B. Boussingault.
- Naissance à Paris en 1802 : fils d'un modeste épicier, le jeune Boussingault se passionne très tôt pour les minéraux, dont il constitue une collection. Adolescent, s'ennuyant au lycée, il préfère suivre le plus possible des cours publics qui s'offraient dans la capitale : collège de France, muséum.
- 1815 - Reçu à l'Ecole polytechnique....mais cette promotion est licenciée par la Restauration, par rejet de l'héritage napoléonien...
- 1818 - Bien qu'il n'ait aucun diplôme universitaire, il est admis après un contrôle de ses connaissances (dont le jury fut étonné !) à la toute nouvelle Ecole des Mineurs de Saint-Etienne, qui n'avait à ce moment que six élèves.
- 1819-20 - séjour et études à Saint-Etienne ; passionné de chimie, dont il avait étudié tous les manuels disponibles à l'époque, il devient très vite préparateur au laboratoire de l'école. Il révèle une curiosité insatiable qui le conduit, par exemple, à  démontrer que la fonte et l'acier peuvent contenir de la silice susceptible de modifier leurs propriétés.  Il réussit la fusion du platine (comme il faut atteindre 1750 degré, ce qui était très difficile à l'époque, il provoque involontairement un incendie...)
        Il découvre aussi la capacité du platine pâteux d'absorber de la silice.
        Il se lie d'amitié avec Fourneyron, son camarade d'école, futur inventeur de la turbine hydraulique, qui devait faire la renommée du Chambon-Feugrerolles. Sa fille aînée épousera Crozet, le neveu de Fourneyron.
 Nombreuses excursions (volcans d'Auvergne, Pilat, gorges de la Loire) où il précise les connaissances géologiques sur la région.
- 1820-21 - se lie d'amitié à Paris avec Gay-Lssac qui lui fait rencontrer Arago et Alexandre de Humboldt. Ceux-ci l'aideront et le conseilleront pour son départ en Amérique du Sud
- 1821-32 - Directeur d'une mine pour le compte d'une compagnie anglaise  en Amérique du sud, puis Ingénieur des Mines en Colombie,  d'où il envoie de nombreux rapports à l'Académie des sciences et à De Humboldt sur la géologie, l'agriculture, le climat. Travaillant aux côtés de Bolivar en Colombie, il est chargé par lui de fonder à Bogota une école d'ingénieurs. Il quitte la Colombie après l'échec de la politique de Bolivar et l'éclatement du pays (1830). Rentre en France après avoir visité plus complètement l'Amérique du Sud...
- 1832-37 - Professeur de chimie puis doyen à la Faculté des sciences de Lyon
- 1835 - Epouse à Péchelbronn (Alsace) une amie d'enfance, et commence à participer à l'exploitation du domaine agricole dont elle hérite. Crée un laboratoire pour étudier la biologie végétale et animale avec l'objectif d'améliorer scientifiquement les rendements de l'agriculture. Partant du principe de Lavoisier que "rien ne se perd, rien ne se crée", il analyse finement les processus de nutrition des plantes et des animaux. Ainsi par exemple, il découvre l'absorption de l'azote par les plantes.
Il en sortira des ouvrages réputés sur l'économie agricole (1843)  
- 1837 : professeur de chimie à la faculté des sciences de Paris
- 1839 - Entre à l'Académie des sciences
- 1841 - Titulaire d'une chaire d'économie rurale nouvellement créée pour lui au Conservatoire national des arts et métiers.
- 1848-49 - député du Bas-Rhin ( Seconde République)
- 1857 - Commandeur de la Légion d'Honneur
- 1866-67 : création du laboratoire de chimie dans l'aciérie Holtzer.
- 1871 : très affecté par la perte de l'Alsace-Lorraine, il partage son temps entre Pechelbronn, Paris ( où il est hébergé au domicile de Madame Holtzer) et Unieux
- 1875 - Mise au point des premiers aciers au chrome...en fait, dans le cadre d'une recherche stratégique sur les blindages et les projectiles capables de les percer.
- 1876 - Grand Officier de la Légion d'honneur.

                                                                                                                                




Monument érigé en 1895 à Paris à côté du CNAM. Commandé à Dalou par les amis, disciples et admirateurs de Boussingault.
Juché sur une colonne de marbre, le buste
est accompagné de deux personnages :
- une figure féminine symbolisant la science (avec ses ustensiles : cornue, mortier, de même que le livre tenu dans la main gauche
- un paysan

La première semble dire au second :" je peux tout pour toi, fais-moi confiance" ; ou bien : "sans moi, tu ne peux rien". 

Toutes les statues sont en bronze



Depuis la rénovation du musée des arts et métiers, ce groupe a été déplacé.








Il est aujourd'hui installé dans le parc des  réserves du musée du CNAM, plaine saint-Denis.

On notera la disparition de l'écusson sur lequel étaient gravés le nom et les dates de naissance et de décès de Boussingault

Il semble que le buste transféré d'Unieux à Firminy soit une copie du buste de 1895.

Reste à savoir quand et comment ce buste est arrivé à Unieux.

Enfin, en 1913, la famille et les amis de Boussingault ont fait don d'un buste en marbre aux Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne. Des discours ont été prononcés à cette occasion, dont une longue biographie du savant, en vérité trop rapide sur la période finale de sa carrière (on trouvera facilement sur le web la relation de cette cérémonie).

René Commère
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