Nous étions sur le site de ce qui fut, au temps de la CAFL (1953-70) et de Creusot-Loire (1970-83) l'Usine de l'Ondaine ; auparavant, c'étaient les Aciéries de Firminy , fondées en 1854 par Félix Verdié. Encore debout en 2009, la halle de la moyenne forge ne semblait être, rue de Colonel Riez, qu'un décor sans vie. C'était un très vaste bâtiment, comme échoué au bord de l'Ondaine après la débâcle de la métallurgie locale. Sa face sud était marquée des stigmates de l'abandon : vitres brisées, peintures effacées Si l'on pouvait accéder à la face ouest, on avait peine à distinguer au-dessus du portail d'entrée l'inscription "moyenne forge", presque effacée par le temps.
Le côté sud, tel que vu de la rue la
façade ouest, principale entrée
L'héritage restait-il digne d'intérêt, c'est-à-dire, comme c'est souvent nécessaire en matière de patrimoine industriel, susceptible d'être valorisé à la fois
par une nouvelle utilisation et comme témoin d'une histoire séculaire ?
La construction datait des lendemains de l'exposition universelle de 1889 puisque c'est lors de son démontage que les Aciéries de Firminy avaient acquis la
charpente métallique : celle-ci était donc contemporaine de la tour Eiffel. Elle a seulement été surélevée en 1913 pour permettre d'installer le chemin de roulement d’un pont de 40
tonnes.
Charpente en provenance de l'exposition universelle de 1889, surélevée en 1913.
On sait qu'avant 1907, la halle abritait un atelier de finition des rails de chemin de fer. Elle est devenue ensuite est un atelier d’ajustage, de
chaudronnerie et d’usinage.
En 1953, la CAFL (Compagnie des ateliers et forges de la Loire) y installa une forge équipée d’une presse de 1200 tonnes, que Creusot-Loire remplaça en 1971-72 par une presse de 2000 tonnes, en vue de conforter l'une des spécialisations de l’Usine de l’Ondaine dans le forgeage libre des produits longs en aciers inoxydables et alliés, à partir de lingots étirés à la presse. Un ministre vint à l'époque présider l'inauguration d'un outil hautement moderne et performant. La presse était desservie par un manipulateur intégré sur rails ; un four-tunnel de réchauffage de deux mètres de long placé à l'opposé du manipulateur permettait de maintenir à température nécessaire les parties de la pièce en attente.
C'est là que furent refaits en 1976 et 1982 les arbres du Foch et du Clémenceau, longs de 22 mètres pour un diamètre de 350 millimètres.
Le bâtiment et la forge ont cessé de fonctionner après la mise en service en 1992 d’une nouvelle presse de 4500 tonnes dans un autre atelier du même établissement (c'était alors C3F, ou Compagnie française des forges et fonderies, filiale d’USINOR). En principe, la presse de 2000 tonnes et ses équipements annexes étaient “mis en couveuse”, ce qui selon les ingénieurs de l'époque signifiait qu'on les maintenait en état de fonctionner en cas de besoin.
Mais après la fin de C3F, et la reprise majoritaire du site par Aubert et Duval en 1994, il semble que la halle et l'outillage de la moyenne forge aient été abandonnés, exposée aux vols et au vandalisme (j'ai vu en 2000 des appareils et des fils électriques systématiquement arrachés, et les pupitres du poste de commande gravement vandalisés).
Le dernier avatar, en 2005, a été le démontage de la presse et son expédition vers la Chine : outil vendu d'occasion, ou ferraille destinée à être refondue ?
Au seuil de de la halle, on a pu voir pendant plusieurs semaines son socle en attente d'expédition.
Restait donc une sorte d'immense chapiteau : un cirque y aurait été à l'aise, ou peut-être une collection de gros objets tels que des véhicules ou
des engins de chantier. A Lyon, on a sauvé en son temps la halle Tony Garnier en lui inventant une nouvelle utilité qui valorise son originalité archiecturale. Mais malgré son rôle dans
l'histoire de la métallurgie locale, la moyenne forge n'a pas eu la même chance. Les démolisseurs et les bulldozers ont fait place nette d'avril à juin 2013..
René Commère.
Sur l'évolution gobale du site jusqu'en l'an 2000, je renvoie à mon ouvrage "Memoires d'acier en Ondaine" édité en 2000 par le service des publications de l'Université de
Saint-Etienne.
On peut aussi consulter dans la revue semestrielle "archéologie industrielle, n°46, de juin 2005, l'article de seize pages illustrées : "Inventaire archéologique de l'usine de l'Ondaine" .
Ed : le CILAC, BP 251, 56007 Vannes Cedex
courriel : cilac@wanadoo.fr
En 1999, la presse de 2000 tonnes et son poste de commande.
C3F, de 1983 à 1993. On lit aussi à droite : "Usine de
l'Ondaine"