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Les traces du passé préindustriel.

 


Sites et lieux-dits


       C'est sur la carte de Cassini, première carte à grande échelle de la France entière établie au cours du 18ème siècle, que l'on trouve la plus ancienne représentation quelque peu détaillée de notre territoire (échelle : 1/86400). On peut la consulter aux archives départementales ; une reproduction en a été faite dans l'ouvrage de François Tomas "Cartes et plans" publié par l'Université de Saint-Etienne en 1989 et réédité en 2005.

      Dans la vallée de l'Ondaine, les bourgs et les villages occupaient les collines dominant de peu les fonds inondables. Tels étaient les sites du Firminy médiéval dans ses remparts (quartier Saint Pierre, avec sa petite église romane dont il ne reste que le porche), de Chazeau, d'Unieux, de Fraisses, du Chambon, du Montcel à La Ricamarie. A côté existait un semis de hameaux et de fermes isolées, dont les noms se perpétuent dans certains lieux-dits (comme Trablaine, Terrasson, Les Brosses, Boiron...) ou désignent aujourd’hui des quartiers urbains (Le Trémolet, La Romière, Le Bouchet, Fayol, Le Mas etc...). A cette génération d'habitat peut se rattacher le site de l'Hopital, à Unieux, attribué à une ancienne possession des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem ; mais la carte ne mentionne pas le lieu-dit "l’Abbaye" qui rappelle à Chazeau le modeste couvent ("cazale") de Clarisses fondé en 1322 par Luce de Beaudiner, et transféré à Lyon en 1623. A la Sauvanière ("La Chavinière" sur la carte de Cassini), enclavée dans un hameau (de "construction vulgaire", nous dit un texte du siècle dernier), subsiste une chapelle édifiée en 1633 par le baron de Feugerolles à proximité des installations qu’il contrôlait le long du ravin du Cotatay.
      A noter enfin qu'à cette époque, la route royale menant de Saint-Etienne à Firminy ne passait pas dans la vallée mais longeait le rebord du plateau de Roche la Molière.



un extrait de la carte de Cassini(fin du 18ème s.)

Noter :
-  le tracé des routes sur le plateau au nord du val d'Ondaine
- l'utilisation de la force motrice du Cotatay et du Valchérie
- "la Mine" à La Ricamarie (coin nord-est de la carte)





Les plus anciens vestiges industriels


      Ces installations faisaient partie des nombreux établissements utilisant la force hydraulique qui jalonnaient les berges de l'Ondaine et les étroites vallées à forte déclivité de ses affluents : moulins, forges, aiguiseries, fenderies fournissant aux cloutiers des verges de métal. Plusieurs de ces artifices sont représentés sur la carte de Cassini, particulièrement dans les vallées du Cotatay et du Valchérie


      Que reste-t-il de ces anciennes activités ? A Unieux, le lieu-dit La Fenderie, près du Pertuiset, conserve le bâtiment (dont la toiture a été restauré en 2007) d’un ancien moulin à farine délaissé après son remplacement en 1910 par la minoterie voisine plus moderne (dont on peut visiter la machinerie restée en place).

      Dans la vallée du Cotatay, où l’on ne dénombrait pas moins de 29 établissements au début du XIXème siècle, et dont les historiens pensent qu’elle fut le berceau de l’industrie métallurgique locale, subsistent quelques bassins et ateliers, de même qu’à son entrée, à la Sauvanière, les vestiges -bassins, murs d’ateliers, logements de travailleurs- de l’ancienne manufacture royale Jourjon : considérée comme la première aciérie ayant existé dans la région, on y mit au point à la fin du XVIIIème siècle un procédé d’élaboration d’acier cémenté permettant en particulier de livrer les plus fines aiguilles de France. Le ravin du Valchérie, celui de l’Ondenon, gardent aussi des traces de ce passé. A Firminy, seul le nom de la rue du Béal rappelle l’ancien bief qui amenait au moulin de Bénaud les eaux de l’Echapre. De même subsistent au Chambon-Feugerolles, sur la berge nord de l’Ondaine, une rue et un quartier "du moulin".


      Rien dans le paysage ne rappelle le ramassage artisanal du charbon, attesté un peu partout dans la vallée par maints documents dès le XVIIème siècle, et dont les cahiers de doléances de 1789 soulignaient l’intérêt économique en dénonçant la concession d’exploitation du sous-sol octroyée par le Roi au marquis d’Osmond depuis 1767.
      Le lieu-dit "Le Brûlé", à La Ricamarie, témoigne de l’ancienne présence de gisements enflammés, que certains terriers du XVème siècle indiquaient comme repères pour délimiter les héritages. Aux légendes attribuant à la malveillance des Bohémiens, des Sarrazins ou d’autres l’origine de ces incendies, le rationalisme du XVIIIème siècle répondit en faisant observer la capacité de ces charbons à s’autoenflammer au contact de l’air.


       Sur la base de ces ressources en énergie hydraulique et en combustible, une société essentiellement paysanne recherchait dans l’artisanat du fer, la clouterie, la coutellerie, la serrurerie, le moyen d’obtenir un complément de ressources. Cet artisanat métallurgique diffus se perpétua au XIXème siècle dans de multiples petits ateliers, particulièrement au Chambon-Feugerolles où se multiplièrent les activités liées à la lime. Il y avait aussi des ateliers de tissage. Une bourgeoisie peu nombreuse s’occupait de la commercialisation des produits.


"Châteaux" et parcs.

      
      Quelques anciennes gentilhommières ont traversé les siècles. Elles se tenaient à l’écart de Firminy, comme Paulat, Villeneuve, les Bruneaux. A La Ricamarie, on sait qu’au milieu du XIXème siècle, le "château" de Bessy servait de maison de campagne au Préfet. Mais Beynod, la Tour, Chaponost, ont cédé devant l’urbanisation industrielle. Plus à l’écart, le château médiéval des seigneurs de Feugerolles, bien conservé jusqu’à nos jours, s’enfermait durablement derrière ses murailles, haut perchées sur l’éperon séparant les vallées du Cotatay et du Valchérie.


Chemins et routes.


       On circulait difficilement sur des chemins trop souvent boueux et troués de fondrières. Incident significatif, en 1824, à Firminy, la route royale sous laquelle passaient des galeries du puits du Creux, s’effondra au passage d’un cavalier et sa monture. La route resta fermée jusqu’en 1827.

        Vers les villages convergeaient des chemins dont quelques rues ont perpétué le tracé (exemple, la rue de la Loire à Firminy). Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, c’est par le plateau du Devey que passait la route royale de Lyon à Toulouse, le principal itinéraire du service de la poste et des messageries entre Saint-Etienne et Firminy, tandis que l’itinéraire par le fond de la vallée, n’étant praticable qu’à dos de mulet (charge maxima, 60 kilos), rendait difficile la circulation du charbon. La route par le col de la Croix de l’Orme et Le Chambon-Feugerolles fut ouverte en 1827, après l’achèvement du tronçon reliant Le Chambon au Mas de Firminy.

 


      Dans les espaces encore ruraux que cette route parcourait d’un bourg à l’autre, un observateur du milieu du siècle comme Th. Ogier pouvait décrire les premiers stigmates de l’industrialisation, aujourd’hui effacés. Ils affectaient plus sévèrement les territoires de l’amont.
      Dès La Ricamarie (2700 habitants), notait-il, l’Ondaine est noircie par les eaux ruisselant sur les terres des anciennes mines de charbon épuisées et comblées. Les rues sont parcourues par des voitures chargées de charbon, dont les débris forment une boue noire et épaisse. Au Chambon (3870 h.), le bourg est mal bâti, ses maisons disgrâcieuses et enfumées s’alignent irrégulièrement sur la principale rue qui est tortueuse, mal pavée et continuellement remplie de boue. Par contraste, et malgré les mines proches, le bourg de Firminy (encore groupé autour de la colline Saint-Pierre ; population municipale : 5300 h.) est "un charmant séjour" et l’auteur y note une fabrique de peignes, de faux, et de rubans de soie, cette dernière employant des "femmes et des filles". Fraisses (675 h.) est constituée de plusieurs petits hameaux et "s’étend sur un sol aussi riche que le pays peut le comporter". A Unieux (1680 h.), à part une fonderie d’acier (Holtzer) sur l’Ondaine, et le village perché à l’écart des routes, c’est le site du Pertuiset qui est amplement décrit comme un lieu de prédilection des promeneurs et des touristes, un site délicieux pour les repas champêtres
.

                                                                    (à suivre....)

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