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Une mémoire déjà compromise par un demi-siècle de métamorphoses urbaines.


      Au milieu du 20ème siècle, les villes de l’Ondaine étaient encore fortement marquées par les héritages de la première Révolution industrielle. Dans ce couloir évasé qui conduit de Saint-Etienne aux gorges de la Loire, faisant contraste avec les plateaux verdoyants qui l’encadrent, les mines de charbon, les usines hérissées de cheminées et leur cortège de pauvres habitats ouvriers avaient composé des espaces urbains, certes sans qualité, mais qui furent le cadre d’une vie sociale riche d’évènements, de luttes et de souvenirs. 
      
      Une nouvelle urbanité
      Depuis les années cinquante, les édiles des cinq communes qui se partagent la vallée ont entrepris de renouveler l’habitat et d’élever le niveau d’urbanité de leurs villes : des objectifs rendus plus impérieux lorsqu’après le milieu des années soixante, confrontés à une sévère désindustrialisation, ils ont dû chercher à rendre leurs territoires plus attractifs pour l'accueil de nouvelles activités.


      A l’évidence, rien ne subsiste de la suie, des fumées, des boues noires de charbon, du triste habitat ouvrier, qui en 1900 inspirèrent à Emile Zola les plus sinistres descriptions de son roman "Travail". 
    
      Encore stigmatisée au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’image d’une "rue sans joie" dans un "pays noir" appartient à un passé révolu, dont les traces ont été largement gommées par les opérations multiformes de l’urbanisme contemporain : rénovations de quartiers anciens, création de nouveaux quartiers résidentiels et de zones d’activité, multiplication des équipements publics, aménagements routiers, reconversions du tissu industriel.


Des témoins plus ou moins manifestes d'un passé antérieur ?  
      De l’urbanisation antérieure, tout n’a pas disparu pour autant.
     Ainsi, comme dans toute ville, on peut reconnaître les tracés originels des voieries, qu’il s’agisse de celles des premiers bourgs, ou des nombreuses rues pérennisant d’anciens cheminements ruraux figés par des invasions résidentielles sans remembrement. 
     
     Survivent aussi des quartiers d’habitats anciens que leur situation (en général, centres des villes ou certaines cités de mineurs et de métallurgistes) ou leur relative qualité architecturale ont préservés des démolitions.


      On se représente plus difficilement l’état initial de certains espaces entièrement remodelés : qui se souvient, par exemple, qu’à Firminy, si la courbure de la rue Laprat a été conservée lors de la rénovation du quartier Saint Pierre, c’était pour rappeler le tracé du rempart de maisons médiévales qui couronnait la colline ?

     Plus récente, la réaffectation d’anciens sites miniers ou industriels n’a peut-être pas encore effacé dans toutes les mémoires le souvenir de leur ancien usage, comme à La Ricamarie, où la grande surface commerciale du Casino s’est emparée d’un carreau de mine et d’un crassier ; mais dans la même commune, hormis un énorme crassier-témoin, il n’y a plus de vestige minier au voisinage du discret monument qui rappelle la sanglante fusillade de 1869 au Brûlé, et il ne reste pas trace des ateliers de la Compagnie des Mines, disparus pour faire place pendant les années soixante à l’ensemble immobilier du Montcel. 
    
     A Firminy, il faut être très âgé pour se souvenir du site minier antérieur au square Vincent Brunon : seules quelques vieilles cartes postales difficiles à interpréter rappellent qu’à l’emplacement des grands arbres actuels, on extrayait le charbon en pleine ville.

      On imagine mal qu’à Fraisses et à Unieux, il y eut au 19ème siècle jusqu’à dix-huit sièges de prospection ou d’extraction houillères, et qu’en 1949, la commune faisait encore expertiser des dégâts occasionnés par les houillères à l’école de Montessut.

      Citons encore le cas de Firminy-centre édifié en 1956 sur le vaste terrain disponible de l’ancienne usine Limouzin désaffectée. La prochaine génération oubliera de même qu’une semblable substitution a été initiée au cours des années quatre-vingt dix pour moderniser avec élégance le coeur du Chambon-Feugerolles, dans l’espace Le Colombier.

       Ce ne sont là que quelques exemples, car il faut penser que chaque quartier peut recéler des traces plus ou moins manifestes de son histoire urbaine. 

    Dans les parties suivantes, après un rappel de l'évolution démographique, nous proposerons une analyse plus systématique des principales phases et modalités de l'urbanisation.

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