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      Vers une amnésie sans recours ?    

      C'est un trait commun aux villes nées de la révolution industrielle du 19ème siècle, et dépourvues de prestiges ou de vestiges monumentaux d'une histoire antérieure : la désindustrialisation, les transformations sociales et urbaines qui accompagnent les adaptations au monde du 21ème siècle, les exposent au risque d'oublier leur histoire urbaine du dernier siècle. C'est particulièrement le cas des villes du val d'Ondaine.
       
       Leur population vieillit (en 1990, 22 % des habitants recensés, et au moins 25 % en 1999, avaient plus de 60 ans), tandis que beaucoup de jeunes s’en vont, particulièrement les "cerveaux" allant chercher ailleurs des emplois plus qualifiants ; beaucoup de ceux qui restent n'ont guère idée d'une histoire industrielle minière et métallurgique dont la fin mal vécue ne saurait susciter des récits enthousiasmants. De plus, une proportion croissante de résidents venus d'ailleurs n'ont pas sur place leurs racines culturelles.
     Tout cela pourrait concourir à approfondir un fossé d’oubli entre l’Ondaine d’hier et celle de demain.

       
       D'autant que les transformations des dernières décennies ont effacé des paysages urbains maints héritages des premières industrialisations : si l’on considère que la mémoire attachée aux lieux est l’essence de leur identité, celle-ci ne peut que s’évanouir avec la disparition de ses supports matériels et symboliques, mines foudroyées, usines démolies, quartiers entiers livrés aux bulldozers, tandis que se formaient de nouveaux espaces urbains trop conformes à des standards modernes pour avoir la moindre résonance avec le passé. Méconnaissant leur propre histoire, les villes de la vallée de l’Ondaine n’évolueraient alors que comme d’impersonnelles banlieues.

     
      Certes, il existe dans les bibliothèques une mémoire écrite, des récits d’une histoire industrielle et sociale mouvementée, dont plusieurs associations (sociétés d'histoire du Chambon-Feugerolles et de Firminy)  et l’écomusée des Bruneaux conservent de nombreux témoignages. D’anciennes images, de nombreuses cartes postales, sont périodiquement exposées ou publiées.

       
      Mais l’identité passe aussi par la reconnaissance d’un patrimoine plus concret, non seulement monumental (l’Ondaine est bien pauvre en édifices symboliques de qualité), mais considéré comme "les traces de la mémoire dans leur acception la plus large, en reconnaissant l’existence d’un patrimoine second" par lequel un espace peut garder son sens. L'exemple d'une étude comme celle  de J.P. Vallat sur les villes industrielles de la Seine-Saint-Denis nous incite à rechercher dans les paysages urbains de notre vallée des éléments symbolisant son histoire. Les traces du passé, parfois indirectes, sont en effet plus nombreuses qu’on ne l’imaginerait à priori. Encore faut-il les repérer, les interpréter.

 

       A travers l’évolution des paysages, le propos de ces quelques chapitres sera de caractériser les apports de chaque période, d’amorcer un bilan des survivances et des disparitions. Il ne s’agit pas seulement de réveiller des souvenirs de retraités (près d’un cinquième de la population selon le recensement de 1999), mais aussi de rappeler à ceux qui s’intéressent à leur territoire les deux siècles de métamorphoses qui ont abouti au milieu urbain actuel. Puissions-nous aussi satisfaire la curiosité d’éventuels visiteurs qui voudraient consacrer quelques moments à des espaces dont il faut bien reconnaître qu’ils sont ignorés des circuits touristiques. Parmi ceux qui viennent découvrir à Firminy le plus important patrimoine Le Corbusier d’Europe, certains apprécieront peut-être d’être guidés vers une meilleure interprétation des paysages urbains dont la terrasse de l’Unité d’habitation leur offre une vision panoramique.

      
      Enfin, au voisinage immédiat de Saint-Etienne, promue "Ville d’art et d’histoire" en mai 2000, est-il vain de susciter un nouveau regard sur des lieux qui ont pleinement partagé son passé industriel ?

 

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EXEMPLE : Une image de 1973 au Chambon-Feugerolles :
En 2009, il ne reste que le château d'eau, mais que signifie-t-il pour les générations d'aujourd'hui qui le voient intégrés à un équipement hôtelier situé au bord de l'autoroute ? 

Rien d'autre ne reste de la cokerie de la Silardière, et il y a longtemps que les hautes cheminées chargées de disperser la suie des fumées de charbon ont disparu du paysage.... 


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